Dogs days are over

- Tu as juste à me donner ton adresse et tu auras un macaron pistache et un chocolat
- J'ai juste à te donner mon adresse et tu viens? Tu viens accompagné de 2 macarons?
- Oui, j'ai perdu un pari, je paye.
- 25 rue de la butte rouge
- Ok, je passe à une boulangerie et j'arrive d'ici 20 minutes

Je n'y croyais pas. Les messageries instantanées nous permettent pas mal de choses, nous rendent moins timide, moins sérieux. Nous pouvons faire passer un reproche pour de l'ironie, nous pouvons faire passer une bourde pour de l'humour et nous pouvons faire passer un plan drague pour un jeu stupide.

Je n'y croyais pas. Je pensais que cela faisait parti de notre rituel de séduction platonique. Lorsque la sonnerie s'est mise à retentir, j'ai sursauté. Je n'y croyais pas.

J'ai descendu les 2 étages, je suis passée près des poubelles débordantes de boites à pizza, j'ai remis ma mèche de cheveux au bon endroit, j'ai ouvert la grande porte verte en bois usé, tout ça la boule au ventre. Je n'y croyais pas.

Il était adossé à l'autre pan de porte. Le sourire aux lèvres, la boite de macarons dans la main droite et son portable dans la main gauche. J'ai souris, j'ai balbutié un "Salut" timide en essayant au maximum de ne pas rougir. J'ai baissé la tête

- Honnêtement, je ne pensais pas que tu allais venir quand même
- Je viens juste payer mes dettes

Il souriait en me dévisageant. Ne pas rougir. Il portait un jean bleu délavé assez large, un T-Shirt rouge avec "Life sucks" imprimé en blanc sur le torse. Ses cheveux noirs n'étaient pas coiffés et beaucoup trop longs. Il souriait toujours.

Je lui ai indiqué le chemin. Il montait les escaliers doucement, montant les marches une par une. Arrivés sur mon palier, il s'est retourné vers moi et m'a tendu les macarons. J'ai pris la boite et ouvert la porte en l'invitant à rentrer.

Il a passé ses mains sur mon visage puis dans mes cheveux, il approcha son visage du mien, doucement. Il me caressait la nuque tout en penchant sa tête et nos lèvres se sont frôlées. Il souriait toujours. Nous nous sommes embrassés, ici, sur le palier pendant quelques minutes. Tout était doux, tendre. Je sentais ses mains caresser tour à tour mes cheveux, mon dos, mes joues.

Je n'y croyais pas.